INTERVIEW – Dr Charlotte Hanta BARAKA Secrétaire Général – Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme

INTERVIEW – Dr Charlotte Hanta BARAKA Secrétaire Général – Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme

août 3, 2018 Non Par cscomm1

Charlotte

Question 1 : Pourriez-vous nous livrer un état des lieux sur la Protection Sociale à Madagascar ?

Madagascar, dispose déjà d’une Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) non contributive et d’une stratégie nationale adoptée en 2015. Une mise à jour de cette stratégie (SNPS) va être produite dans quelques mois. Dans sa stratégie, la protection sociale (PS) noncontributive va se consolider progressivement vers la PS contributive. Les populations qui sont dans l’extrême pauvreté, représentant plus de 52,7%, soit 13 175 000 individus, d’après l’enquête de la Banque mondiale en 2015, doivent bénéficier de cette PS non contributive.Tels sont les défis titanesques que le Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) doit faire face, même si les autres Ministères contribuent de manière directe ou indirecte dans la réduction de cette pauvreté.Notons qu’à Madagascar la PS revête deux formules : la PS contributive et la PS non-contributive.

Question 2 :Comment le MPPSPF agit pour la coordination des opérations sur terrain en matière de Protection Sociale ?

En tant que Ministère, la coordination est la mission régalienne de notre institution. Nous avons l’ambition et le mandat d’offrir un cadre de travail pour tous les acteurs de la protection sociale, en vue de faire respecter les visions et de réaliser les objectifs définis dans la PNPS qui sont respectivement de bénéficier la moitié de la population cible d’une couverture de protection sociale efficace d’ici 2030 et de réduire à 15% la proportion de personnes vivant en situation d’extrême pauvreté. Dans ce sens, notre mission est d’élaborer et de coordonner le respect des cadres juridiques (lois, Decrets…) et documents-cadres, mettre en place et gérer les outils de coordination composés, entre autres, de l’Annuaire des acteurs et du registre des Bénéficiaires, le site web de la Protection Sociale à Madagascar, les outils de suivi et de l’évaluation des programmes, la communication institutionnelle… La mise en oeuvre est confiée à des Agences d’exécution.

Question 3 : Parlez-nous des programmes phares que le MPPSPF développe dans le pays et des perspectives
en la matière dans les années à venir :

Un des programmes phares est le Programme de Filets Sociaux de Sécurité, initié par notre Ministère, conformément à la Politique Nationale de Protection Sociale lancé en 2015 et qui reflète correctement l’esprit de la PNPS. D’autres programmes que nous jugeons aussi pertinents sont mis en oeuvre par des partenaires comme l’USAID, le PAM, la GIZ, le FAO, l’UNION EUROPEENNE… Les organisations de la Société civile, en particulier les organisations religieuses ou confessionnelles, mettent en oeuvre des initiatives citoyennes qui doivent être considérées, même si leurs programmes sont uniquement à petite échelle.

Question 4 : Quels sont les résultats obtenus à ce jour en matière de Protection Sociale non contributive ?

Je vais parler des résultats du programme FSS qui cible plus de 700 000 personnes, que notre Ministère coordonne directement et dont sa mise en oeuvre est confiée au FID et à l’ONN. Ce sont des résultats certes importants et louables. L’évaluation formelle est en cours mais des résultats sont déjà visiblement enregistrés aussi bien sur le plan social qu’économique.La majorité de ces populations ont pu jouir de leurs droits fondamentaux (Carte d’identité nationale,éducation, santé…). Des dizaines de milliers de mères de familles en situation de vulnérabilité ont pu se relever, des centaines de milliers d’enfants ont pu bénéficier, entre autres, de soins médicaux, d’alimentation ou d’éducation appropriés. Des infrastructures communautaires ont été, au bénéfice du plus grand nombre, réhabilitées,… Ces résultats ont été réalisés en contre partie de transfert monétaire direct sous différentes formes à des ménages vulnérables. D’autres, dans le Sud, ont pu bénéficier des fonds de redressement accompagnés par des appuis techniques pour les permettre de lancer une activité génératrice de revenus.Plusieurs acteurs, comme la majorité des organisations de la société civile à la base, mettent en oeuvre des programmes qui concourent directement ou indirectement à l’atteinte de nos objectifs en protection sociale, et, je reconnais que des bons résultats ont été réalisés. Dans l’ensemble, ces résultats, même s’ils sont prometteurs restent encore fragiles car ils dépendent fortement de la solidité et du développement de notre économie. Ils ont encore besoin d’être entretenus.En face de l’ampleur de la mission, nous, le Ministère, avons encore une grande préoccupation : l’inclusivité et la pérennité.
Question 5 : Le mot de la fin ?

Avec l’ampleur du défi, nous devrions réfléchir sur l’harmonisation et rechercher le design approprié qui nous permettra d’avancer encore plus vite, et de faire bénéficier ces millions de vulnérables d’une protection sociale. Le concours de «tous les acteurs et de tous les secteurs» en faveur des ménages vulnérables, le développement de notre économie capable de financer les charges sociales et la revitalisation encore davantage de l’esprit de solidarité et de partage entre les citoyens malagasy nous permettent de gagner notre combat d’offrir une «protection sociale pour tous». Et j’espère bien que ce rêve de leur rendre « à tous », sans exclusion, la dignité humaine est possible !