INTERVIEW – Andrea Vermehren

INTERVIEW – Andrea Vermehren

mai 9, 2018 Non Par cscomm1

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Question 1 : Dans quel cadre d’action au niveau de la Banque Mondiale a été mis en place le Projet d’Urgence de Réponse à la sècheresse dans le Sud de Madagascar ?

 

Le projet d’urgence de réponse à la sècheresse dans le Sud de Madagascar est en fait une extension d’un Projet initial intitulé « Projet de Filet de Sécurité Sociale » mis en vigueur en Août 2015 sous le financement de l’IDA d’un montant de 40 millions d’USD qui va se terminer en Juillet 2019.

D’un montant total de 35 Millions d’USD, ce financement additionnel est prévu intensifier le Projet de Filets de Sécurité Sociale existant à travers des transferts monétaires et des services communautaires de nutrition pour répondre aux besoins urgents de la population la plus pauvre souffrant de la grave sécheresse dans le sud de Madagascar. Deux régions cibles sont touchées par ce Programme qui s’appelle FIAVOTA dont la région de l’Anosy (district d’Amboasary) et quatre districts de la région Androy (Ambovombe, Bekily, Tsihombe, Beloha). Il est prévu que 65.000 ménages (plus de 350,000 personnes) bénéficieront des interventions du Projet.

 

Question 2 : Quelles sont les particularités de ce Projet ?

Le Programme FIAVOTA a une durée de 3 ans et a deux phases : une phase de réponse d’urgence d’un an, et une phase de renforcement de la résilience de la population de deux ans. Pour la première année du Projet, le FID a effectué des transferts réguliers mensuels dont l’objectif est d’aider les bénéficiaires à lisser leur consommation à l’instar de la fourniture de services de nutrition au niveau des sites de nutrition gérés par l’Office National de Nutrition. Les transferts monétaires évolueront dans la deuxième et troisième année en transferts monétaires conditionnels liés aux services de l’éducation et de nutrition.

Au cours de la première année, le Programme a également effectué une subvention à ces ménages bénéficiaires pour qu’ils puissent mettre en œuvre la reconstitution de leurs actifs détruits durant la crise de sècheresse. Les fonds transférés leur permettront de créer des petites activités génératrices de revenus (élevage, agriculture, petit commerce) pour stabiliser leurs revenus et augmenter leur résilience.

Enfin, pour soutenir l’offre de service en matière d’éducation, il est prévu aussi la réhabilitation ou la reconstruction d’infrastructures scolaires défectueuses dans les zones d’intervention du Projet.

Question 3 : On constate actuellement un fort engagement du Gouvernement sur la Protection Sociale avec l’appui de la Banque Mondiale. Quelles sont les perspectives ?

Effectivement, depuis 2015, Madagascar possède une politique publique relative à la Protection Sociale (Politique Nationale de Protection Sociale) qui est l’expression de l’engagement du Gouvernement Malagasy en matière de Protection Sociale. Le Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) étant le maître d’œuvre de cette politique, l’appui de la Banque Mondiale pour ses financements actuels dans la Protection Sociale consiste à aider le gouvernement à améliorer l’accès des ménages extrêmement pauvres aux services de filet de sécurité et à jeter les bases d’un système de protection sociale, principalement dans la coordination, le suivi et l’évaluation.

Question 4 : Que pensez-vous des résultats obtenus à ce jour ?

La Banque Mondiale et l’UNICEF qui travaillent ensemble avec le FID et le Ministère, ont pu affirmer que les résultats obtenus à ce jour sont encourageants : les effets sur les ménages bénéficiaires sont palpables avec une régularité des transferts leur permettant d’accéder à une consommation normale, les services de nutrition sont entièrement opérationnels et les actifs reconstitués par les fonds de redressement commencent à porter leurs fruits.

Question 5 : Le mot de la fin ?

Le Programme FIAVOTA est devenu un exemple de meilleure pratique internationalement reconnu d’un programme de « relèvement rapide » efficace qui combine une réponse d’urgence à court terme avec un objectif de développement à plus long terme visant à renforcer la résilience de la population dans le sud. Les transferts monétaires se sont révélés être des instruments efficaces à la fois pour fournir un soutien immédiat aux familles les plus pauvres et pour soutenir les moyens de subsistance à moyen terme.

Nous ne pouvons que saluer actuellement le leadership que le Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (MPPSPF) qui s’efforce de jouer dans la mise en œuvre de la PNPS.  Nous ne saurions également ne pas féliciter les deux agences de mise en œuvre opérationnelle du Programme dont le Fonds d’Intervention pour le Développement pour les transferts et les Offices Régionaux de Nutrition (ORN) pour leur persévérance pour l’atteinte des objectifs fixés.

Toutefois, nous en appelons à tous les acteurs de développement qui interviennent dans le Sud de regrouper et de coordonner nos efforts pour que les actions qu’on y développe passe d’une intervention   principalement d’urgence vers une protection sociale adaptative capables de fournir un soutien systématique à la population en favorisant l’inclusion productive (c’est-à-dire les emplois) et le développement humain des plus pauvres.