3 Questions à Achille RAZAKATOANINA: Directeur des Activités post-crises du FID

3 Questions à Achille RAZAKATOANINA: Directeur des Activités post-crises du FID

mai 27, 2021 Non Par Liva Andriantompoinarivo

FID’Actus : Les résultats de l’IPC (cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire), sortis ce mois de mai, montrent une nette détérioration de la situation nutritionnelle dans le Grand Sud. Cette situation nutritionnelle alarmante semble persister malgré des interventions en aide alimentaire et en cash dans différentes zones. Pourquoi ?

AR : La malnutrition tend en effet à s’aggraver dans cette partie du pays, principalement, à cause de la sècheresse. L’insuffisance de pluies réduit la production, tarit les points d’eaux et perturbe les moyens de subsistance. L’aspect démographique impacte aussi sur la situation. Le taux brut de natalité reste élevé avec 45,2 ‰ pour la région Androy. L’insécurité constitue aussi un facteur déterminant. Quasi permanente, elle affecte les activités des ménages ainsi que leur volonté et enthousiasme à réaliser des investissements. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Sud dispose d’un potentiel agricole qui

n’est pas exploité du fait de la faiblesse de l’encadrement et des capacités techniques. Par ailleurs, les ménages ne disposent pas de ressources monétaires suffisantes pour acquérir des outillages, des matériels ou des semences. Ils ont même du mal à acheter la quantité d’aliments nécessaires.
Les appuis des secteurs de la nutrition et de la protection sociale ne suffisent pas. La conjugaison des interventions des différents secteurs comme l’agriculture, l’élevage, l’eau, la santé et l’hygiène, la sécurité, … est indispensable si l’on veut que les lignes bougent.

FID’Actus : Quelles stratégies le FID développe-t-il pour soutenir les ménages vulnérables affectés par cette situation et comment ces interventions sont-elles opérationnalisées ?

AR : Les interventions du FID adoptent la proximité

comme approche. Le ménage est au cœur même de nos actions. Bien plus que l’appui en cash, les ménages bénéficiaires sont encouragés dans l’éducation de leurs enfants, la nutrition, la santé et l’hygiène… mais aussi dans l’épargne et l’investissement dans de petites activités rentables. Ces mesures d’accompagnement sont fournies aux ménages pour qu’ils puissent faire face aux situations difficiles. Un appui nutritionnel à travers l’approvisionnement et la distribution de plumpy sup en collaboration avec les ORN est aussi apporté à ces bénéficiaires.

Par ailleurs, des extensions de couverture, sous le mécanisme de protection sociale réactive aux chocs, sont opérées lorsque la situation le requiert. Une extension verticale c’est-à-dire une augmentation du montant des transferts pour les ménages déjà bénéficiaires du Fiavota ou une extension horizontale, enrôlement de nouveaux bénéficiaires, est ainsi réalisée.

Il s’agit du Toseke Vonjy Aigne. Le montant des transferts est alors fixé à 80.000 Ariary.

FID’Actus : La sècheresse est un phénomène récurrent dans le Sud du pays. Quelles actions recommandez-vous pour atténuer et faire face à ses effets ?

AR : Le projet de forage et de pipeline initié actuellement est vraiment une très bonne chose. Malgré tout, il doit être accompagné par différentes actions multisectorielles comme l’accès aux techniques agricoles et la dotation en semences ; l’accompagnement technique des activités d’élevage ; l’instauration d’une sécurité durable ; la formation aux divers métiers et l’accès au marché. Le désenclavement de cette partie du pays est également crucial.
Enfin, le plus important serait d’inculquer à la population une culture et une volonté de réel changement.