FID’actus Août 2022

N°12. Août 2022

Zones d’intervention du FID

des bénéficiaires adoptent des pratiques agricoles plus productives et plus durables.

Vatsin’Ankohonana
Transfert Monétaire pour le Développement Humain (TMDH)

152.000

familles bénéficiaires dans 22 districts des 9 régions de Madagascar. 
(2016 – 2024)

170.000

enfants vont à l’école de façon régulière. 
(2021)

des familles bénéficiaires adoptent des pratiques nutritionnelles adaptées

des enfants soutenus sont assidus dans leur scolarité.

Asa Avotra Mirindra
Filets Sociaux Productifs (FSP)

123.500

familles soutenues dans 21 districts des 12 régions de Madagascar
(2016 – 2024)

3.000.000

d’arbres/jeunes plants produits et plus de 2.300 Ha de surface reboisés.

17.200 ha

Surfaces irriguées et drainées

Fiavota
Transfert Monétaire pour le Développement Humain dans le Sud

92.000

familles améliorent leur qualité de vie et renforcent leur résilience face à la sècheresse dans le Sud
(2016 – 2024)

des bénéficiaires ont investis dans des activités génératrices de revenus.

des bénéficiaires adoptent des pratiques nutritionnelles adaptées

des bénéficiaires adoptent des pratiques agricoles plus productives et plus durables.

Le mot du Directeur Général

Jaona ANDRIANANTENAINA
Directeur Général . FID

De par les instabilités politiques mondiales, conjuguées aux effets des crises sanitaires et climatiques, notre population subit de plein fouet les chocs économiques. La hausse du prix du carburant impacte d’une manière directe sur le coût de la plupart des produits de première nécessité. Les zones les plus touchées par cette inflation, estimée entre 6% et 7%, sont celles dépendantes des produits alimentaires livrés depuis les provinces ou les villes éloignées géographiquement.

Les acteurs de la protection sociale, dont le FID, œuvrent en permanence et en synergie pour améliorer les dispositifs existants. Ensemble avec les communautés locales et les élus locaux, nous réfléchissons à des solutions adaptées et surtout acceptées par tous. De manière transparente et toujours dans une démarche inclusive, nous avons toujours la volonté de fédérer les forces vives pour mettre aux bénéfices des plus vulnérables les meilleurs dispositifs en protection sociale.

Dans ce numéro 12, nous aborderons les stratégies adoptées pour amorcer l’autonomisation des ménages bénéficiaires sortant de nos programmes d’intervention, nos dernières actualités, les témoignages des bénéficiaires et quelques chiffres-clés relatant les résultats des différentes interventions. Bonne lecture !

Brèves

FIER Mada : les bénéficiaires exposent les produits de leur terroir

Pour faciliter l’accès de ses ménages bénéficiaires aux marchés, une quarantaine de bénéficiaires de Vatsin’Ankohonana et Asa Avotra Mirindra ont pu exposer les produits de leur terroir à la FIER Mada. Il s’agit d’une plateforme d’échanges annuelle entre les différents acteurs de l’économie rurale. Les bénéficiaires ont pu nouer de nouvelles relations bénéfiques au développement de leurs activités. La 23ème édition de FIER Mada s’est tenue du 01 au 08 Août au Stade Maki Andohatapenaka – Antananarivo.

Reconstruction et réhabilitation : Réception des travaux pour les écoles à la suite des cyclones et intempéries

Viennent d’être réceptionnés les travaux de reconstruction et de réhabilitation du CEG Bealanana, endommagé suite au passage du cyclone Belna en décembre 20219. Près de 250 élèves bénéficieront directement de ces infrastructures dont plus de 160 nouveaux élèves. Les nouvelles infrastructures ont été dotées de bancs pour les élèves et de bureaux pour les enseignants. Pour améliorer l’accès à l’hygiène, des latrines, des puits et des pompes à eau ont également été rendus disponibles.
Les travaux continuent dans la région de Sofia pour la reconstruction des lycées et écoles primaires publics. Près de 2.000 personnes bénéficieront de ces travaux.

Filets sociaux de sécurité : Atelier d’échange et de partage entre Madagascar et les îles Comores

Mettant en œuvre un projet de Filets Sociaux de Sécurité, les équipes de travail de Madagascar et des îles Comores ont partagé leurs expériences durant un atelier technique dans les îles Comores du 28 juillet au 01 août. Ces partages ont permis d’identifier des pistes d’amélioration non seulement pour la mise à jour à venir de la Stratégie Nationale de Protection Sociale à Madagascar mais aussi pour la mise en œuvre du projet Filets Sociaux de Sécurité pour les années 2022 à 2024.

« L’espoir renait en moi car je perçois le progrès de notre vie familiale »

Marie Louise Rasolomanana
Bénéficiaire MIJORO Ambodihady, Antananarivo

Marie Louise travaille comme lavandière et manutentionnaire de briques pour faire vivre sa famille. La vie de sa famille était difficile. Avec le programme Mijoro, elle a pu acquérir un ensemble de soutien et de savoir-faire pour augmenter ses revenus et faire progresser le bien-être de sa famille.

Aujourd’hui, elle participe au développement du jardin communautaire de son quartier en cultivant des pommes de terre. Avec ses connaissances et sa volonté d’épargner, Marie Louise investit également dans l’élevage de poulet et de porc.

Marie Louise Rasolomanana, 45 ans mère de cinq enfants. Fokontany Ambodihady, Antananarivo.

Sortie des ménages bénéficiaires des filets sociaux : L’autonomie en marche

Produits rassemblés, sacs ficelés… une quarantaine de bénéficiaires de Vatsin’Ankohonana et de Asa Avotra Mirindra s’apprêtent à prendre la route pour participer à la Fier-Mada 2022. « Bienvenu Monsieur, entrez Madame ! Vous avez ici les poissons séchés de Toliara. Ce sont les meilleurs, ils sont bien charnus. Venez acheter ! » avance Flavienne pour séduire la clientèle. Grâce à Vatsin’Ankohonana, cette bénéficiaire peut aujourd’hui commercialiser des produits de son terroir.

De Toliara à Manakara, les bénéficiaires sont ravies de participer à la foire

Vers l’inclusion économique. Les programmes de protection sociale soutiennent l’inclusion économique des ménages bénéficiaires. En se connectant à des réseaux de marché, les bénéficiaires ont l’opportunité d’augmenter leurs revenus et leurs actifs. Grâce aux formations techniques combinées avec une éducation financière et un accès à des petits financements, via les Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit ou AVEC, les bénéficiaires se constituent des moyens de subsistance durables.

Un soutien au développement de petits projets. Un fonds de soutien renforce également cette inclusion. Il est attribué aux ménages bénéficiaires à la sortie des programmes de filets sociaux et leur offre l’opportunité de développer des activités génératrices de revenus. 80 % des ménages bénéficiaires de Asa Avotra Mirindra et 67 % de Vatsin’Ankohonana et de Fiavota ont choisi d’investir leur fonds de soutien dans l’élevage. Les petits projets d’agriculture sont ensuite ceux qui intéressent les bénéficiaires (19 % pour Vatsin’Ankohonana et Fiavota, 10 % pour Asa Avotra Mirindra), suivis par l’artisanat et le commerce. Plus de 126.000 ménages en sortie ont été dotés de fonds de soutien.
Des stratégies pour amorcer l’autonomisation. Les stratégies de sortie des programmes de filets sociaux ont été développées pour maintenir les résultats positifs obtenus. Elles préparent les bénéficiaires à devenir autonomes une fois les programmes achevés. Elles se traduisent par leur accompagnement dans l’identification et la réalisation de leurs petits projets ainsi que la mise en lien avec des marchés et partenaires professionnels. Des packs de sortie, incluant petits matériels, outillages divers et semences, sont également octroyés aux bénéficiaires.
Les filets sociaux comme transformateurs. « Avec Vatsin’Ankohonana, j’ai appris à épargner, à me fixer des objectifs puis à les réaliser. » raconte Antoinette, une bénéficiaire à Antetezambaro. « J’ai pu voir différentes localités, faire des rencontres et des découvertes. Cela m’a vraiment épanouie ! » ajoute Constance, une autre bénéficiaire à Manakara.
Et à Menja d’Ankazoabo de soutenir
« Je ne cesse d’apprendre avec Asa Avotra Mirindra. En venant à la foire, j’ai appris de nouvelles techniques de vente ! ».
Les programmes de protection sociale ont ce pouvoir transformateur. Ils permettent aux populations vulnérables de devenir des membres productifs de la société et d’enrichir leur expérience humaine.

Vaccination contre la Covid-19 : La sensibilisation communautaire pour le mieux-être de tous

La santé constitue un ingrédient central du développement en ce qu’elle peut être considérée comme un investissement en capital humain. (Schultz, 1961 ; Becker, 1962 ; Grossman, 1972a).

Elément fondamental du développement, la santé est considérée comme un investissement en capital humain. Face à la pandémie de la Covid-19, la sensibilisation des bénéficiaires des programmes de filets sociaux de sécurité à se faire vacciner s’avère nécessaire. Cette vaccination est toutefois effectuée sur une base volontaire et gratuite pour tous. Des sites de vaccination ont été mis en place pour permettre aux ménages bénéficiaires de recevoir les soins à proximité. Actuellement, pour ne citer que dans les régions Anôsy et Haute Matsiatra, respectivement 47% et 57% des bénéficiaires sont vaccinés contre la Covid-19.

« Les séances de sensibilisation nous ont rassurés quant aux rumeurs circulant autour de la Covid-19 et des vaccins. Nous nous sommes alors faits vacciner. Cela nous rend sereins pour l’avenir ! » confient Fabien et Cynthia – Bénéficiaires de Mijoro – Ambodihady Ambohimanarina.

Construction de salles de classe - « La gestion communautaire apporte autant de succès pour les élèves que pour les parents. »

Le FEFFI de l’EPP Sahamena en festivité pour célébrer la construction scolaire

Motivation, enthousiasme, fierté, étaient aperçus au sein de la communauté « Farimbon’Ezaka ho Fampandrosoana ny Fampianarana Ifotony » FEFFI* du Fokontany Sahamena dans la commune rurale de Soaindrana, District de Vohibato. « Au début, nous avions trouvé le projet trop ambitieux. La communauté en tant que maître d’ouvrage délégué, quelle responsabilité… ! Nous étions très réticents, nous avons du mal à gérer le compte de nos foyers respectifs alors comment pourrions-nous gérer un projet de construction des salles de classe ? » raconte Hiacynthe RAKOTONDRABE, Président du FEFFI. Dans le cadre du Projet d’Appui à l’Education de Base (PAEB), un projet pour lequel le FID est l’Agence d’accompagnement, les communautés, ont été responsabilisées pour mettre en œuvre les constructions scolaires dans leur localité.

« Avant nous n’avions que 15% de réussite à l’examen du CEPE, pour l’année scolaire 2021-2022, nous avons atteint les 76%. Les nouvelles salles de classe ont contribué à cette victoire. Notre communauté toute entière a bénéficié des avantages du Projet. Les formations sur l’organisation et la dynamique communautaire ont renforcé la cohésion et la solidarité de parents. Nous appliquons ce que nous avons appris sur la gestion financière dans notre vie quotidienne.  » a souligné Sylvie Aimée Claudia RASOARIMALALA, enseignante à l’EPP SAHAMENA. Elle apprécie la maturité de la collaboration entre les enseignants et les parents d’élèves qui sont très engagés et responsables grâce aux accompagnements techniques.

*Les FEFFI sont des comités de gestion des établissements scolaires impliquant tous les acteurs éducatifs locaux (parents d’élèves, communautés, enseignants, acteurs locaux) pour assurer la qualité de l’éducation et la bonne gouvernance des établissements.

3 Questions à HERINIRINA Ted Georgio

Agriculteur, membre du comité de protection sociale dans le District d’Amboasary,

Dans le cadre des programmes de protection sociale mis en œuvre par le FID, des Comités de Protection Sociale ou CPS ont été mis en place. De quoi s’agit-il exactement et comment les membres sont-ils sélectionnés ?

Le CPS est un groupement de bénévoles qui contribue à la réalisation du programme. Les membres du CPS sont désignés par la communauté. Un comité est composé de 4 à 8 membres selon la taille du fokontany. Il s’agit de personnes réputées comme ayant une bonne moralité au sein de la communauté telles que les notables, les agents communautaires, les personnalités religieuses, les représentants du fokontany, les représentants de l’enseignement, les membres des associations de bienfaisance… Ces personnes sont ainsi désignées sur la base de leur connaissance des membres de la communauté. Pour Fiavota, en moyenne, il y a 4 à 5 membres dans chaque site et on compte, au total, près de 2.900 membres de CPS dans les régions d’Androy et d’Anôsy.

Que sont les rôles des CPS dans la mise en œuvre des programmes de protection sociale ?

Le CPS appuie la mise en œuvre du programme dans différentes phases, du ciblage aux transferts en passant par l’enregistrement des ménages bénéficiaires. Les tâches qui nous sont assignées sont multiples. Durant la phase de validation communautaire, par exemple, nous vérifions les informations d’un ménage, suivant les critères éligibles de vulnérabilité, et avisons les agences d’exécution s’il peut être inclus dans la liste officielle des bénéficiaires du programme.

En tant que CPS, nous jouons également un rôle important dans l’assistance et le conseil aux communautés. Les membres sont les premiers interlocuteurs des communautés locales et des bénéficiaires. Notre présence permet de signaler ou de régler des actions ou situations irrégulières. Il existe, par exemple, des cas fréquents où des bénéficiaires portent les mêmes noms sur deux sites d’intervention. Les membres du CPS peuvent confirmer rapidement la situation de ces bénéficiaires et leur réel lieu de résidence. En tant que membres de CPS, nous gérons et enregistrons les demandes d’assistance ou de plaintes.

Quelle est la plus-value pour un membre du CPS dans la mise en œuvre des programmes ?

Les CPS contribuent à la bonne marche du programme. Nous informons les bénéficiaires de la date et du lieu de transfert. Nous participons à l’organisation des bénéficiaires lors du paiement, pour le respect des règles d’hygiène en période de coronavirus. Nous intervenons aussi dans la préparation des évènements organisés par le FID comme l’accueil des autorités, des partenaires, des journalistes, etc. Je pense que la présence des CPS est un atout majeur dans l’atteinte des objectifs du programme.

Désenclavement et digitalisation en Afrique

Le modèle de développement tout court et celui de développement technologique ne peut se copier d’une région à une autre. Chaque région a un contexte et des besoins bien différents, l’Afrique n’est pas un continent homogène. Du Cap à La Galite, du Cap Vert à l’Ile Maurice chaque région a ses caractéristiques.

Parmi les choses que toutes ces régions ont en commun, on observe que la grande partie de la population est rurale et que son économie est fortement agricole et informelle. 85% de la population vit en milieu rural. L’agriculture représente 15 à 35% du PIB des pays d’Afrique selon les zones et elle emploie 65% de la main d’œuvre. Le secteur informel est très accru mais avec de très faibles revenus, en marge de taux de chômage. Il est difficile voire impensable d’envisager le succès de la transformation digitale en Afrique, sans prendre en compte la dimension de cette population rurale jeune et ambitieuse.

Force est de constater que la majorité des territoires en milieu rural est difficile d’accès. Il faut d’abord songer à effectuer un désenclavement tout court pour ensuite l’envisager technologiquement. On constate une insuffisance irréfutable voies de communications et de moyens de transport tant au niveau des échanges intra ruraux qu’à ceux entre zones urbaines et rurales. Le coûut des marchandises en provenance des zones rurales en est une preuve. Le déploiement des équipements technologiques qui permettront aux populations en zone rurale d’accéder au digital ne sera possible qu’en utilisant des solutions adaptées.

Des programmes d’investissement au sein des économies fondées sur les secteurs d’activités en zone rurale se doivent d’être encouragés, aussi bien par les structures gouvernementales en charge de leur gestion et développement que par des acteurs du privé.

Source : lifemag-ci.com