FID’actus Août 2024

Filets de sécurité et de résilience :

281.000 ménages vulnérables soutenus pour un bien-être durable

Editorial

Editorial : Le rôle du FID dans la mise en œuvre des programmes de protection sociale

Les programmes de protection sociale non-contributive, les filets de sécurité productifs, Asa Avotra Mirindra, les transferts monétaires pour le développement humain, Vatsin’Ankohonana et Fiavota, et des interventions d’urgence, Asa Vonjy Voina, soutenus par Banque mondiale et coordonnés par le Ministère de la Population et des Solidarités (MPS), visent à renforcer le capital humain et la résilience des ménages les plus vulnérables de Madagascar. Ils ont pour objectif principal de les aider à surmonter la pauvreté, les chocs économiques, environnementaux et sanitaires tout en améliorant durablement leurs conditions de vie.

Le Fonds d’Intervention pour le Développement (FID), mandaté par le Gouvernement, en étroite collaboration avec les autorités locales et les communautés, joue un rôle clé dans la mise en œuvre. En mettant l’accent sur le renforcement des capacités productives et l’inclusion économique, le FID s’assure que les bénéficiaires peuvent diversifier leurs sources de revenus, améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, et adopter des comportements positifs pour leur bien-être familial.

Grâce à une approche inclusive, le FID intègre les communautés locales dans chaque étape du projet, garantissant ainsi une appropriation effective des initiatives par les populations concernées. Cette méthode participative permet non seulement de répondre aux besoins immédiats des ménages vulnérables, mais aussi de renforcer leur autonomie et leur résilience à long terme, contribuant ainsi à la stabilité et au développement durable de Madagascar.

chiffre

Les chiffres clés du projet FSR
FSR = Filets de sécurité et de résilience

281.000 ménages

22 Régions, 44 Districts,

Vatsin'Ankohonana

170 000 ménages

Asa Avotra Mirindra

71 000 ménages 

Fiavota

40 000 ménages 

Le FID s’engage activement dans des zones reculées pour soutenir les communautés les plus vulnérables, comme à Manapatrana (Ikongo), Beharona (Manja), Tanandava (Beroroha), Ambodimanga Rantabe (Maroantsetra), Vohilengo (Fenoarivo Atsinanana), Ankarongana (Befandriana Avaratra), Mahazoma (Maevatanana).

A l’écart des infrastructures modernes, ces localités sont difficilement accessibles par les routes nationales.

breves

Brèves

Restauration de la Voie Ferrée FCE : Un Soutien aux communes de Manakara et Ikongo
Dix communes des districts de Manakara et Ikongo bénéficient du programme “ Argent Contre Travail ” pour assainir la voie ferrée FCE (Fianarantsoa Côte Est). Réalisées par 1 872 personnes, ces activités visent à restaurer rapidement les conditions de vie des populations touchées par la tempête Alvaro en décembre 2023, tout en générant des revenus immédiats pour les familles vulnérables. Entre le 15 juillet et le 13 août 2024, les travaux ont permis de rouvrir la voie ferrée, désenclavant ainsi plusieurs communes. Les bénéficiaires ont également reçu des formations hebdomadaires sur divers sujets sociaux et sanitaires.

Curage du Canal de Pangalanes : Prévention des Inondations à Toamasina

En février, plusieurs quartiers de Toamasina ont été inondés en raison des fortes pluies. Le curage du canal de Pangalanes poar le biais d’activités “ Argent Contre Travail ” fait partie des solutions pour éviter ces inondations. La deuxième phase des travaux de curage a débuté fin juillet, mobilisant 150 ménages issus des fokontany Ambalakisoa ,Tanambao Verrerie pour 20 jours.

Ces travaux, encadrés par le BNGRC, la région Atsinanana, la Commune Urbaine de Toamasina et l’APMF, mises en oeuvre par le FID visent à fournir des revenus temporaires aux ménages vulnérables, à renforcer la résilience communautaire et à rétablir les services sociaux de base après les catastrophes

Vatsin’Ankohonana : Accès renforcé aux droits civils dans le District de Sakaraha
Dans le district de Sakaraha, l’absence de documents d’état civil rend la vie difficile, notamment pour inscrire les enfants à l’école. Monia, bénéficiaire du programme Vatsin’Ankohonana à Bevato Sakoamaro, explique :
« Beaucoup n’ont pas de copie d’acte de naissance car les accouchements se font souvent en dehors des hôpitaux. » Ce programme a sensibilisé les habitants à l’importance de l’acte de naissance, les incitant à s’inscrire à l’opération de distribution gratuite de ces documents, facilitant ainsi l’accès aux services publics.

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Marie Paulette a pu surmonter la honte et la peur, et se projeter pour un avenir meilleur

RAZANAKOLONA Marie Paulette est une mère célibataire qui vit avec son enfant dans le petit village de Talata Iboaka, Commune rurale Alakamisy Ambohimaha, District de Lalangina. Elle subsiste grâce à la pêche qu’elle pratique dans les petits ruisseaux près de son village.

« Être mère célibataire dans mon village est une honte pour la famille. Cette considération de la société m’a plongée dans un profond manque de confiance en moi, et je n’osais même pas exprimer mon point de vue publiquement de peur d’être rabaissée. Puis, j’ai suivi plusieurs formations sur le développement personnel et l’éducation parentale durant les Espaces de Bien-être proposés par le programme Asa Avotra Mirindra.

Ces sessions m’ont donné les outils pour reprendre confiance en moi et j’ai décidé de prendre ma vie en main. Je me consacre désormais à l ‘éducation et à la scolarisation de mon enfant en réalisant des activités génératrices de revenu plus prometteuse que la pêche. Aujourd’hui, je dispose de toute l’énergie et du savoir-faire nécessaires pour préparer un avenir meilleur pour mon enfant. »

Marie Paulette RAZANAKOLONA, bénéficiaire de Asa Avotra Mirindra, Fokontany Iboaka, Commune Alakamisy Amhimaha, District Lalangina

resiliences

Filets de sécurité et de résilience : 281.000 ménages vulnérables soutenus pour un bien-être durable

Dans l’optique d’améliorer l’accès des populations vulnérables aux services de protection sociale, le Gouvernement malagasy, à travers le Ministère de la Population et des Solidarités, met en place des filets sociaux. Ces programmes de protection sociale non contributive, mis en œuvre par le FID – Fonds d’Intervention pour le Développement, offrent aux plus pauvres et vulnérables des moyens pour renforcer leur résilience.

La résilience – cette capacité d’un individu ou d’une communauté à s’adapter et à préserver son bien-être malgré les adversités – est au cœur des programmes de protection sociale du projet Filets de Sécurité et de Résilience (FSR). Aligné avec la Stratégie Nationale de la Protection Sociale, le FSR est lancé cette année dans 44 districts des 22 régions de Madagascar. Il vise à soutenir 281.000 nouveaux ménages vulnérables jusqu’en 2027, afin qu’ils renforcent leur capital humain et améliorent durablement leurs conditions de vie.

Le FSR est une continuité du projet Filets Sociaux de Sécurité (FSS), et reprend, à cet effet, les mêmes programmes incluant :

  • Asa Avotra Mirindra (Filets sociaux productifs) pour améliorer la productivité locale et préserver l’environnement,
  • Vatsin’Ankohonana et Fiavota (Transfert monétaire pour le développement humain) pour favoriser la scolarisation des enfants au niveau primaire et le développement humain,
  • et Asa Vonjy Voina (activités de réponses aux crises) pour soutenir les communautés à faire face aux catastrophes naturelles, aux crises sanitaires et aux chocs économiques.

Grâce aux actions de développement appelées « mesures d’accompagnement », les familles vulnérables peuvent renforcer leur résilience de manière significative. Par le biais de sensibilisation et d’ateliers éducatifs, les acteurs-bénéficiaires adoptent les pratiques adaptées en matière d’éducation, de santé, de nutrition et d’hygiène pour le bien-être familial.

A travers des formations en techniques agricoles, en développement d’activités génératrices de revenus et en éducation financière, les ménages bénéficiaires diversifient leurs sources de revenus et s’engagent dans des activités économiques pérennes pour être plus autonomes. Les activités communautaires dynamisent également l’engagement citoyen et renforcent la coopération au sein des communautés bénéficiaires.

Le FSR est opérationnel. Les premiers transferts pour Vatsin’Ankohonana et Fiavota ont eu lieu en avril, et les premiers travaux de Asa Avotra Mirindra ont débuté en juillet 2024. Par ailleurs, les interventions d’Asa Vonjy Voina sont en cours, avec des transferts monétaires non conditionnels et des programmes Argent Contre Travail, destinés à aider les communautés touchées par le cyclone Gamane à se rétablir rapidement et à retrouver une vie normale.

En consolidant les leçons apprises et les impacts positifs des expériences précédentes, le FSR s’affirme comme un pilier essentiel pour le bien-être durable et la résilience des populations vulnérables de Madagascar.

fsp

Asa Avotra Mirindra : La planification, une phase fondamentale pour la mise en œuvre des activités

Avant la mise en œuvre de Asa Avotra Mirindra ou Filets Sociaux Productifs, les Régions et Districts d’intervention sont sélectionnés suivant divers critères dont le taux de pauvreté du district, le gap de pauvreté, l’indicateur de classification de la sécurité alimentaire (IPC), la disponibilité des terres pour la mise en place des champs-écoles … S’ensuit une phase de planification, rigoureuse et participative, qui assure la mise en œuvre du programme.

Etape cruciale, la phase de planification garantit la réalisation des interventions dans le cadre du programme Asa Avotra Mirindra au niveau local. Elle se concentre sur l’identification participative des zones d’intervention et des activités à mettre en œuvre, en tenant compte des réalités locales.

La première étape de la planification consiste à prioriser les communes en fonction des critères définis, tels que le nombre de population, le niveau de sécurité, l’accessibilité et le potentiel productif. Cette priorisation s’effectue au niveau du District par la Commission Technique Inter Services de District (CTISD) composée par les forces vives du District. Une fois les communes choisies, l’accent est mis sur l’identification des terroirs qui présentent un potentiel agricole commun.

La définition des terroirs est réalisée par les représentants des communautés. Le terroir correspond à un groupe de fokontany dont les habitants se connaissent et partagent les mêmes ressources et la même unité naturelle.

Ensuite, les diagnostics participatifs sont mis en œuvre. Ils sont menés dans les terroirs pour comprendre les défis locaux et identifier les solutions, celles-ci pouvant être des mesures de conservation de l’eau et du sol, des activités de production de jeunes plants, de reboisement. Ces diagnostics permettent de hiérarchiser les problèmes, qui freinent le développement, et de proposer des plans d’aménagement et des plans annuels de mise en œuvre adaptés. Ces plans sont établis avec les communautés pour que les projets d’aménagement soient bien adaptés à leurs besoins et aspirations.

La phase de planification inclue également le suivi de la mise en œuvre ainsi que la mise à jour des activités définies dans les plans pour assurer que les interventions restent alignées avec les objectifs.

Cette approche méthodique et inclusive de la planification constitue un pilier du succès de Asa Avotra Mirindra afin que les impacts des interventions soient maximisés.

reconstruction

Réhabilitation/reconstruction post-catastrophes : les élèves de l’EPP Mangarivotra soulagés

Après le passage du cyclone Dumako au début de l’année 2022, les deux bâtiments de l’EPP Mangarivotra, dans le fokontany Andranofeno, Fenoarivo Atsinanana ont été fortement endommagés.
Environ un millier d’élèves et de collégiens fréquentent ces deux bâtiments, dont 600 à l’EPP Mangarivotra, et 400 au CEG du même nom.

« Nous avons beaucoup souffert », raconte le Directeur de l’EPP Mangarivotra, Jaona Charles Honoré.
« L’état des toits en plaques asphaltées se dégradaient bien avant la venue de Dumako. De plus, la région Analanjirofo est connue pour son climat pluvieux. Suite au passage du cyclone Dumako, les toitures ont été fortement endommagées. Les pannes en bois sont toutes abimées », a-t-il ajouté. Ainsi, les élèves ont été obligés de travailler dans des bâtiments délabrés jusqu’à la fin de l’année 2023.

Ces deux bâtiments ont pu être totalement réhabilités grâce au programme réhabilitation/reconstruction, qui contribue à rétablir la livraison des services sociaux de base grâce à la réhabilitation des infrastructures communautaires de base (écoles, ponts, hôpitaux, …) endommagées par les catastrophes naturelles. Un immense soulagement pour les élèves et leurs parents, ainsi que pour les éducateurs.

3questions

3 Questions à ...

trois couples mariés lors du mariage civil collectif initié par les bénéficiaires du Vatsin’ankohonana dans la Commune d’Antanimandry, District Antsirabe II

24 couples ont officialisé leur union à la commune d’Antanimandry, Antsirabe II, au cours du mois de juillet. Il s’agit de couples vivant en ménage en union libre, certains depuis plus de 15 an. Dans le cadre des « mesures d’accompagnement », les communautés bénéficiaires du programme Vatsin’Ankohonana sont sensibilisés au bien-être familial et éduqués à la citoyenneté. A cet effet et conscients de l’importance de disposer d’un registre de famille, les bénéficiaires se sont mobilisés et ont organisé un mariage civil collectif. Echanges avec certains d’entre eux…

RAKOTONANAHARY sy Joceline

Julien sy Lovasoa Isabelle

Edmond sy Lydia

1. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous marier civilement aujourd’hui ?

R&J Cela fait 2 ans que nous sommes ensemble. Nous ne nous sommes pas mariés civilement en raison de problème financier. En effet, la copie de l’acte de naissance de mon mari s’est perdue depuis longtemps, et la renouveler s’avère onéreux, alors que celle-ci est indispensable pour le mariage civil. Grâce ce mariage civil collectif organisé par les bénéficiaires du Vatsin’ankohonana, les dépenses liées à la recherche de la copie d’acte de naissance et des autres paperasses utiles sont devenues moindres
13 autres fokontany. C’était un peu nouveau pour moi, mais il y avait une bonne ambiance générale. Des liens d’amitié se sont créés entre les participants et nous nous sommes promis de faire de notre mieux pour lutter ensemble contre la vulnérabilité. Vraiment merci à Vatsin’Ankohonana !

J&L Cela fera maintenant 16 ans que nous vivons ensemble. Nous avons trois enfants qui ne portent pas tous le nom de leur père. Durant les « espaces de bien-être », nous avons appris les bonnes pratiques dans l’éducation de nos enfants ainsi que pour la bonne gestion du ménage. Ces sensibilisations qu’on a reçues nous ont permis à tous les deux de réaliser à quel point il était important dans l’éducation des enfants, qui est la garantie de leur avenir, de disposer d’un livret de famille, raison pour laquelle nous nous sommes mariés civilement.

E&L Nous sommes en union libre depuis 5 ans, nos enfants ont 1 et 2 ans. Dans notre communauté, on les appelle « les sans-papiers » car ils ne portent pas le nom de leur père. Mon mari est obligé de les adopter pour pouvoir leur donner son nom vu qu’on n’a pas encore de livret de famille. Nous n’avons pas pu prendre toutes nos responsabilités au sein de notre communauté car dans la société, réaliser toutes les étapes du mariage est très important.

2. Comment envisagez-vous votre futur en tant que couple marié aux yeux de la loi ?

R&J L’avenir de nos enfants est notre priorité. Enregistrer les enfants au nom de leur père est primordial pour nous.

J&L Vatsin’ankohonana nous a conduits jusqu’ici, en nous apportant des connaissances et des pratiques positifs. Nous sommes maintenant indépendants dans les différents domaines. Assurer l’avenir de nos enfants est désormais notre priorité, raison pour laquelle nous avons décidé de franchir toutes les étapes pour officialiser notre union selon la loi. Nous prévoyons également de construire une maison pour nos enfants et de célébrer notre mariage religieux.

E&L Nos enfants sont encore petits, les inscrire à l’école quand ils seront en âge d’y aller est notre priorité. Nous voulons vraiment une descendance qui réussit.

Nous commençons désormais à assumer toutes les responsabilités auxquelles nous sommes confrontés dans la société en tant que couple civil, comme le paiement des impôts, par exemple.

3. Un message pour ceux qui n’ont pas encore officialiser leur union devant la loi acte de mariage mais qui sont ensemble depuis longtemps ?

R&J Il faut veiller à l’avenir des enfants. Afin de donner de l’importance à la relation aux yeux de la société et de la famille, il est primordial de procéder au mariage civil. C’est une expression de l’indépendance du couple.

J&L Le mariage civil des parents facilite l’obtention des documents utiles pour les enfants dans divers domaines, entre autres scolaire ou religieux. Nous sommes issus d’une famille très religieuse, il est important pour nous par exemple d’être accepté dans la liste des personnes qui peuvent recevoir la communion.

E&L Les personnes voulant fonder un foyer doivent être matures et indépendants, le mariage civil en est une preuve concrète. Le mariage civil revêt une très grande importance au sein de la communauté mais surtout pour le quotidien des couples.

validation

La validation communautaire pour un ciblage en toute transparence du programme Vatsin’Ankohonana

Vatsin’Ankohonana, un programme de protection sociale pour soutenir les familles les plus vulnérables, repose sur un processus de ciblage communautaire. Avant la publication finale de la liste des bénéficiaires, plusieurs étapes clés sont franchies pour garantir l’intégrité du processus.

Dès le début, une campagne de sensibilisation et d’informations est lancée pour mobiliser la communauté. Les familles intéressées s’inscrivent d’elles-mêmes, étape suivie par une première validation. Ensuite, une enquête est menée au niveau des ménages, dont les données recueillies sont analysées et scorées pour établir une liste préliminaire des bénéficiaires potentiels.

La validation communautaire, étape finale et cruciale, se déroule dans chaque fokontany. Elle vise une transparence totale et permet de s’assurer que chaque bénéficiaire est légitimement choisi par la communauté elle-même. Lors de cette validation, toute la population est invitée à participer.

Les personnes inscrites sur la liste sont appelées devant l’assemblée et les membres de la communauté décident, par un vote de « Oui » ou de « Non », si le ménage mérite de bénéficier du programme.

Ce mécanisme permet d’assurer que le programme profite véritablement à ceux qui en ont le plus besoin, mais également d’impliquer activement la communauté dans le processus de sélection. Néanmoins, les limites de cette validation résident parfois dans la peur ou le manque de volonté des communautés à signaler ceux qui ne devraient pas être inclus dans le programme.

Rappelons que le programme Vatsin’Ankohonana cible spécifiquement les familles les plus pauvres et vulnérables, ayant des enfants entre 0 et 14 ans, pour qu’elles puissent scolariser leurs enfants au niveau primaire et améliorer durablement leurs conditions de vie.

tsimbina

Tsimbina : Le programme d’urgence pour soutenir les familles vulnérables à faire face à l’inflation et à maintenir la scolarisation de leurs enfants

Face à la montée des coûts de la vie, le gouvernement malagasy a lancé le programme “ Tsimbina ” pour soutenir les ménages les plus vulnérables. Ce programme vise à atténuer , sur le court terme, les effets de l’inflation, à encourager la scolarisation des enfants, et à améliorer la qualité de vie des familles bénéficiaires.

Lancé depuis mai 2024, Tsimbina apportera son soutien à 657 000 ménages répartis à travers les 119 districts des 23 régions de Madagascar, avec une majorité dans les zones urbaines (53%) et les autres en milieu rural (47%). Les bénéficiaires sont sélectionnés parmi les ménages les plus vulnérables, résidant dans les zones les plus affectées par l’inflation. Ceux-ci doivent remplir les critères d’éligibilité, notamment une inscription volontaire au niveau des fokontany, une pré-sélection par les Comités de Protection Sociale (CPS) et une validation communautaire après enquête. Cependant, en raison des ressources limitées, le programme ne peut inclure tous les ménages. Par ailleurs, les ménages déjà bénéficiaires d’autres programmes sociaux de longue durée, tels que Vatsin’Ankohonana, Asa Avotra Mirindra, Mijoro, Milofo, ne seront pas éligibles pour bénéficier de Tsimbina.

Tsimbina accompagne les ménages bénéficiaires à se rétablir et à améliorer leur qualité de vie. Des séances de sensibilisation sont dispensées aux bénéficiaires pour promouvoir des pratiques visant à améliorer le bien-être familial, favoriser l’éducation des enfants, encourager une meilleure nutrition et augmenter les sources de revenus. La participation des bénéficiaires à ces sessions de sensibilisation est essentielle pour leur progression et conditionne l’octroi des appuis financiers.

L’adhésion à Tsimbina ainsi que les différentes activités liées à sa mise en œuvre sont totalement gratuites. Un mécanisme de conseil et d’assistance est également accessible à tous pour recueillir les préoccupations de l’ensemble des communautés (assistance, plaintes…).

Tsimbina est un programme de réponses aux crises pour soutenir temporairement les ménages vulnérables les plus affectés par l’inflation. En tant que tel, il contribue à renforcer la résilience des communautés aux chocs supplémentaires. Le programme est coordonné par le Ministère de la Population et des Solidarités, financé par la Banque mondiale, et mis en œuvre par le FID – Fonds d’Intervention pour le Développement.

Bulletin d’information

Focus TSIMBINA

Au bon moment, au bon endroit …

Les difficultés font partie du quotidien des familles malgaches. Pour les plus vulnérables, le programme Tsimbina représente une intervention essentielle.

« Incroyable ! » C’est le seul mot qu’a pu sortir une bénéficiaire en voyant son nom sur la liste affichée au Fokontany Antanambao à Taolagnaro. La quinquagénaire frappée de stupeur a exprimé sa joie et son soulagement par un léger sourire et un profond soupir. Une bonne partie de ses soucis s’est évaporée lorsqu’elle a réalisé qu’elle allait être soutenue par Tsimbina.

A l’échelle nationale, le premier accompagnement et le premier transfert prévus dans le cadre de ce Programme sont particulièrement bienvenus en cette période. La situation socio-économique se détériore et l’inflation s’élève. Cependant, les nécessités, les devoirs et obligations restent inévitables, surtout à l’approche de la rentrée scolaire.

« J’ai dû sacrifier ma benjamine l’année dernière car je n’avais plus les moyens. Il fallait privilégier ses deux ainés déjà dans des niveaux plus avancés », partage RALAINANDRASANA Hariniaina, mère-célibataire domiciliée à Ampahibe. « Maintenant, ma fille pourra retourner à l’école comme tous les autres enfants de son âge. Cela grâce à Tsimbina » précise cette jeune tananarivienne. C’est l’effet recherché par ce programme de protection sociale.

« Ny fianarana no lova tsara indrindra » (L’éducation est le meilleur héritage). MAROVAVY Viviane, comme plusieurs bénéficiaires, reformule ce dicton avec un sourire confiant. Originaire du Fokontany Andremaky à Sakalalina Ihosy, elle a décidé également de tout miser sur l’avenir de ses enfants.

Presque la même expression a été observée sur le visage de chaque bénéficiaire pendant la première phase du Programme. Toutefois, ils ont été sélectionnés parmi d’autres, car Tsimbina s’assure de privilégier réellement les plus nécessiteux.

MACC : Un outil important pour un ménage épanoui

Un des aspects marquants des mesures d’accompagnement (MACC) pour TSIMBINA est l’éducation. Toutefois, selon les caractéristiques de chaque Fokontany, d’autres thématiques essentielles telles que les conséquences du mariage précoce, l’économie familiale, les droits humains ou encore la citoyenneté, etc. ont été au programme. Pelamasy, une mère de famille de 49 ans témoigne de l’impact positif des MACC dispensées à Benenitra : « Avant, je n’étais pas vraiment consciente des dangers du mariage précoce. Grâce aux sensibilisations, j’ai appris à quel point cela peut affecter la santé et l’avenir des jeunes filles. Les informations reçues nous aideront à prendre des décisions éclairées pour nos enfants ».

L’importance de ces MACC sont indéniables. Toutefois, l’efficacité de ces séances dépende surtout du savoir-être et du savoir-faire des animateurs : Être un bon andragogue et dispenser des activités à la fois ludiques et pédagogiques

s’imposent. En effet, c’est tout un travail de capter l’attention des cibles qui sont, pour la plupart, des personnes adultes dont le niveau scolaire est très faible.

Une animation observée comme étant l’une des plus mémorables, à titre d’exemple, résume la gestion budgétaire d’un ménage en cinq points, avec les cinq doigts, et en quelques cinq secondes. Et le message est passé. ANDRIANJATOVOSON Hanitriniaina, interrogée sur ce qu’elle a pu retenir de sa première séance MACC a relaté ce qu’il fallait : « Il faut que j’adopte une meilleure gestion de mon budget pour assurer la scolarisation de mes enfants ».

En somme, les MACC proposent des attitudes et actions pour renforcer l’autonomie et améliorer les conditions de vie des ménages. Ils conduisent vers le développement et l’épanouissement social durable.

Les Horizons TSIMBINA

Lancement :
13 -Juillet- 2024 : à Betioky.
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Situation fin Août :
84% : réalisation première phase
500 175 ménages bénéficiaires des accompagnements et du transfert

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Prochainement :
156 825 ménages recevront leurs premiers accompagnements et transferts

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A la fin :
657 000
ménages 
23
Régions 119 Districts

Zoom sur…

Andaza Georgia Hanitriniaina
Bénéficiaire du Fokontany Tsienengea, Commune Urbaine de Tuléar.

« TSIMBINA » représente une lueur d’espoir pour moi et mes enfants

Que faites-vous dans la vie ?

Je lutte quotidiennement pour subvenir aux besoins de ma petite famille. Je vends des cacahuètes habituellement. Mais parfois, mes voisins me proposent quelques tâches ménagères que je suis capable de faire avec mon handicap, et en contrepartie, ils me donnent un peu d’argent. C’est surtout une manière assez modeste de m’aider à nourrir mes trois enfants.

Et quel sentiment avez-vous ressenti lorsque vous avez su que vous allez être bénéficiaire ?

Voyez-vous, je vie avec la pire des conditions. Handicapée à vie, courir après les opportunités m’est juste impossible. Mes chances pour trouver un travail est moindre en étant scotchée sur mon fauteuil roulant. De là, l’idée de recevoir un soutien pour améliorer ma situation m’a rempli d’espoir.

Espoir ? pouvez-vous nous apporter quelques éclaircissements ?

En fait, ce sont les mesures d’accompagnement, pouvant durablement m’aider dans ma vie, qui m’ont le plus intéressée. Certes, le transfert pouvait déjà résoudre une partie de mes problèmes. Mais je le vois surtout aussi comme un soutien en l’espoir d’un avenir meilleur pour mes enfants.

Qu’avez-vous retenu des séances « Mesures d’accompagnement » et de l’ensemble du Programme Tsimbina ?

L’importance de l’éducation. Les enfants ont droit à la scolarisation. Et je connais maintenant la nécessité de les envoyer s’asseoir sur les bancs des écoles, et côtoyer leurs compairs dans les cours de récréation. Je peux inscrire mes enfants à l’école dès maintenant grâce à Tsimbina, car c’est la clé pour une vie meilleure.

Ressource

Le budget familial en 5 points

Activité proposée par un animateur MACC

J’ai cinq doigts.

“ Composantes inséparables des programmes de protection sociale, les mesures d’accompagnemen visent à changer les comportements des ménages bénéficiaires et à élever leur niveau de vie.”

« Toutes les thématiques ayant fait objet de sensibilisation pendant les MACC sont intéressantes. Mais je vais adopter en priorité l’alimentation saine et équilibrée pour le bien-être de mon petit fils ».
Rivolalao Romualde, fokontany Ambohimena, Commune Andaingo, District de Moramanga,

Hs2

« Grâce à l’éducation financière que j’ai reçue, j’ai multiplié mes sources de revenus »

« Avec mes deux sources de revenus, j’assume entièrement la scolarité de mes enfants et mes soins médicaux. L’éducation financière me sert de balise pour équilibrer mes dépenses par rapport à mes revenus »

Grâce à l’éducation financière reçue dans le cadre du programme Fiavota, Nargeline a su gérer ses gains. Elle mène deux activités indépendantes. D’un côté, elle élève des truies, ce qui lui permet de vendre les porcelets à chaque naissance, en ne gardant qu’une seule pour l’engraisser jusqu’à l’âge adulte afin d’avoir de nouveaux petits à vendre.
D’un autre côté, elle rachète des langoustes auprès des pêcheurs et les revend plus chers aux villageois.

RAFANOMEZANTSOA Nargeline, Bénéficiaire du Fiavota, commune Manantenina,

questions

Vos questions ?

Qu’est-ce que la Protection Sociale ?

La protection sociale englobe un ensemble de politiques, de programmes et de mécanismes instaurés par le gouvernement et d’autres intervenants pour garantir le bien-être, la sécurité économique, ainsi que la protection des individus et des ménages contre les risques et les vulnérabilités. Son objectif est de fournir un filet de sécurité économique aux citoyens, en protégeant et en améliorant leur capital humain à travers divers types de soutiens, notamment financiers, en nature et en services.

Comment se présente le système de protection sociale à Madagascar ?

Le système de protection sociale à Madagscar se présente sous deux formes : la protection sociale contributive et non-contributive.

La protection sociale contributive est associée aux prestations liées à l’emploi et le versement d’une cotisation, tandis que la protection sociale non-contributive est destinée à soutenir ceux qui ne peuvent pas cotiser de manière adéquate ou qui ont des besoins d’assistances spécifiques. La PS non-contributive est destinée spécialement aux familles les plus pauvres et vulnérables.
Les deux formes de protection sociale visent à réduire la pauvreté, à garantir un niveau de vie décent et à promouvoir l’inclusion sociale pour tous.

ailleurs

Vu ailleurs : L’avenir agricole de l’Afrique passe par l’agroécologie

L’agroécologie offre un espoir tangible pour des millions de petits producteurs en Afrique. Elle permet de sortir de la vulnérabilité imposée par les monocultures et de la dépendance aux intrants externes tels que les engrais chimiques, les semences hybrides et les pesticides. Face aux défis posés par le changement climatique, l’agroécologie se présente comme une bouée de sauvetage. Elle promeut la durabilité environnementale et l’autonomie des communautés rurales. En adoptant cette approche, l’Afrique pourrait devenir un modèle de productivité agricole équilibrée, soutenant des systèmes alimentaires équitables et durables. L’agroécologie propose une vision innovante et résiliente pour l’avenir agricole du continent, intégrant des pratiques respectueuses de l’environnement et des savoirs locaux, tout en renforçant la sécurité alimentaire et la souveraineté des petits producteurs.

Sources : https://ipes-food.org/