FID’actus Décembre 2022

N°13. Décembre 2022

Chiffres clés

Le mot du Directeur Général

Jaona ANDRIANANTENAINA
Directeur Général . FID

Axé sur les résultats de développement humain durable, le Fonds d’Intervention pour le Développement (FID) est actif dans la protection et la préservation de l’environnement. Dans ce numéro 13, nous parlerons des pratiques adoptées avec les « acteur-bénéficiaires » dans les programmes de protection sociale en accord avec les enjeux environnementaux : reboisement, protection des sols, gestion des déchets, lutte contre les feux de brousse … Coïncidant avec la COP 27, Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, en Egypte au mois de novembre, une équipe du FID a bénéficié d’un renforcement de capacité sur la thématique.

Engagé continuellement dans le partage des savoirs et l’élargissement des partenariats, durant ce dernier trimestre, le FID a participé aux échanges nationaux et internationaux en lien avec la protection sociale, le climat et l’environnement. Nous rapportons également ces activités de ce bulletin.
Au nom des tous les collaborateurs du FID, je remercie le Gouvernement malagasy, les différents Ministères, les partenaires techniques et financiers, en particulier la Banque mondiale, ainsi que toutes les parties prenantes dont les « acteur-bénéficiaires », de leurs collaborations productives durant cette année 2022.
Je souhaite à toutes et à tous une année nouvelle sous le sceau de la bienveillance mutuelle et de la prospérité durable.

Brèves

Mise en œuvre des filets sociaux de sécurité : Partage de l’expérience malagasy à l’échelle internationale

Le voyage d’études comorien en terre malagasy.

Au niveau régional, l’expertise malagasy, à travers le FID – Fonds d’Intervention pour le Développement, se reconnait. Au cours du mois d’octobre, une série d’échanges s’est tenue entre Les Comores et Madagascar. Il s’agissait pour la partie comorienne d’un voyage d’études pour renforcer leur compétence dans la mise en œuvre du Projet Filets Sociaux de Sécurité des Comores. L’objectif était de capitaliser les expériences du FID en s’enquérant des méthodes et des bonnes pratiques sur les « mesures d’accompagnement », les actions de développement qui soutiennent les transferts monétaires. La gestion des paiements ainsi que la digitalisation des données sur les programmes ont également été au centre des partages.

L’expérience rwandaise comme référence.

Afin de tirer des leçons pour l’implémentation des Filets Sociaux de Sécurité, le Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme ainsi que le FID se sont rendus à Kigali. Ce voyage a été une occasion d’apprendre de l’expertise d’un pays anglophone, Madagascar étant membre du réseau francophone des praticiens en transfert monétaire. Les pratiques du Rwanda en matière de ciblage des ménages bénéficiaires des programmes de protection sociale et de bonne gouvernance ont été constatées par la délégation malagasy. C’était aussi une occasion de faire un partage sur les filets de sécurité.

La participation malagasy au sommet international multi-acteurs.

Desertif’actions s’est tenu du 05 au 07 octobre 2022 à Montpellier pour se pencher sur les enjeux de la sécurité alimentaire et de la sècheresse en mettant en avant l’agroécologie comme solution. L’approche agroécologique est adoptée dans le cadre des filets sociaux de sécurité, notamment dans Asa Avotra Mirindra, les filets sociaux productifs. Les résultats positifs de Fiavota, le programme de transfert monétaire pour le développement humain dans le Sud ont également été partagés lors de cette rencontre internationale. La participation malgache s’est effectuée à travers une intervention en conférence et la tenue d’un stand d’exposition.

« Je peux enfin suivre
la scolarité de mes enfants après avoir appris à lire et à écrire »

RAVAONIRINA Alphonsine
 Bénéficiaire Asa Avotra Mirindra
Ambohimasina, Arivonimamo, Itasy

« Mon nom est RAVAONIRINA Alphonsine, je suis une bénéficiaire de Asa Avotra Mirindra, le programme de Filets Sociaux Productifs à Ambohimasina, dans le District d’Arivonimamo de la région Itasy. Lorsque j’ai rejoint Asa Avotra Mirindra, je ne savais ni lire ni écrire. ».

L’alphabétisation des adultes est une des actions de développement accompagnant les travaux dans le cadre de Asa Avotra Mirindra. Ces actions, appelées également mesures d’accompagnement, sont prodiguées aux ménages bénéficiaires en vue d’améliorer de façon durable leur qualité de vie.

 « Sans aucune hésitation, je me suis alors inscrite à ces cours d’alphabétisation. J’en ai tiré beaucoup d’avantages. Je suis particulièrement ravie de pouvoir suivre la scolarité de mes enfants. Auparavant, je devais faire appel à ma mère pour signer les copies et les bulletins scolaires de mes enfants parce que je ne comprenais pas ce qui y était écrit. Maintenant, je peux enfin assumer ma responsabilité et apprécier avec mes enfants le fruit de leurs efforts. »

Les filets sociaux de sécurité : un développement humain en accord avec les enjeux environnementaux

A travers le projet Filets Sociaux de Sécurité, les populations les plus vulnérables de Madagascar bénéficient des programmes de protection sociale pour renforcer leur capacité de résilience. Au-delà des enjeux sociaux, la protection sociale peut jouer un rôle dans la réponse à l’adaptation au changement climatique et à la préservation des milieux naturels.

Un cadre environnemental et social dans la mise en œuvre des programmes de protection sociale. Les programmes mettent à disposition de ses bénéficiaires une panoplie d’actions de développement pour renforcer leur compétence et les encourager vers le bien-être. Leur mise en œuvre se conforme au Cadre Environnemental et Social (CES) de la Banque mondiale qui régit les actions en matière de préservation de l’environnement et de la paix sociale.

Ces actions de développement commencent depuis l’apprentissage des soins à apporter dès la petite enfance, les sensibilisations sur l’hygiène et la santé, le développement des compétences des adultes à travers des formations dans les espaces de bien-être ou « Sehatra Mahasoa » : alphabétisation, éducation financière, inclusion productive, création d’activités économiques …
Les bénéficiaires acquièrent également des savoirs sur la gestion des déchets, la lutte contre les feux de brousse, le reboisement… Les structures, les organisations et les modalités de fonctionnement déjà en place dans les communautés locales s’en trouvent impactés et, avec eux, le rapport avec les milieux naturels. Des pratiques productives adaptées au changement climatique.
Les programmes de protection sociale contribuent à la régénération des écosystèmes et à la résilience climatique. Les bénéficiaires sont formés et adoptent des pratiques agricoles adaptées au changement climatique. Il s’agit du développement des cultures intelligentes, l’utilisation des engrais naturels ou encore des techniques de gestion de la fertilité, à l’exemple du basket compost. Afin de mitiger la perte de la biodiversité, les bénéficiaires sont encouragés à adopter la gestion intégrée des nuisibles et à utiliser des variétés de plantes non envahissantes.
Particulièrement pour Asa Avotra Mirindra, des activités de conservation des forêts, par le reboisement, et de restauration de paysages sont implémentés. Plus de 2.300 Ha de surfaces ont été reboisées. Pour protéger les surfaces contre l’érosion et la séquestration de carbone, les terrains sont travaillés et aménagés (agroécologie …) avec des mesures de conservation de l’eau et du sol. La conservation et la transformation des produits agricoles ainsi que l’utilisation des techniques de valorisation et de récupération des ressources en eau sont également adoptées par les bénéficiaires.
Devant la disponibilité de nourriture, du bois pour l’énergie et des produits de rente, les pressions sur les ressources naturelles sont perceptiblement réduites dans les zones d’intervention.

Tsena be FIAVOTA

« Tsena Be Fiavota » a été organisé à Ambovombe les 14 et 15 septembre 2022. Cet événement s’inscrit dans le cadre de la stratégie de sortie des bénéficiaires du programme Fiavota. L’événement a aussi été l’occasion de valoriser et de réunir les 655 mères-leaders considérées comme étant les meilleures parmi les 2.970 du programme.

Mis en œuvre dans 6 districts des régions Anosy et Androy depuis 2016, Fiavota est prévu s’achever en 2023. Pour maintenir les résultats positifs obtenus et pour accompagner l’autonomisation des bénéficiaires, une stratégie de sortie a été développée. Celle-ci vise à mettre les acteurs bénéficiaires en relation avec des marchés et des partenaires professionnels.
Avec le « Tsena Be Fiavota », les mères-leaders ont pu capitaliser leurs savoirs faire et mettre sur le marché les produits obtenus de FIavota. Elles ont pu se rapprocher et se connecter avec les organismes et services techniques déconcentrés locaux. A l’occasion, ces derniers ont, d’ailleurs, offert des séances de formation sur la santé, l’agriculture et l’élevage et l’éducation des enfants. « Les séances nous ont permis d’en apprendre davantage. Nous essayerons de partager ces connaissances avec les autres bénéficiaires dans nos villages respectifs » nous raconte une des mères leaders.

Les mères-leaders ont également reçu des outils agricoles, tels que pelles, matériaux d’irrigation, râteaux, kits système de micro-irrigation, semences, afin de pérenniser le programme et d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

« Aujourd’hui je me sens épanouie, j’ai enfin réussi dans ma vie »

Baomila
Bénéficiaire Vatsin’Ankohonana / Anoloaka, Vohipeno, Fitovinany

Baomila, veuve de 45 ans, mère de 08 enfants, n’avait ni toit pour se réfugier, ni de quoi nourrir ses enfants, et encore moins de quoi payer leur scolarité depuis le décès de son mari. Pendant plus d’un an et demi, ses enfants n’ont pas pu aller à l’école. Elle a ainsi décidé de revenir auprès de sa famille dans la commune d’Anoloaka, District de Vohipeno, Région Fitovinany. Ayant bénéficié du programme Vatsin’Ankohonana depuis l’année 2016, elle a pu envoyer 07 de ses enfants à l’école. Le premier est actuellement en classe de première, le dernier en préscolaire si l’un d’entre eux l’aide dans son commerce. Baomila a créé un petit commerce de « tsihy » pour subvenir aux besoins de sa famille. Ayant aussi bénéficié du fonds de soutien à la fin du programme, elle a pu construire sa propre maison et tient aujourd’hui sa propre épicerie tout en poursuivant son commerce de tsihy. « Je suis, aujourd’hui, sortie du programme et je suis contente car je m’en sors bien dans la vie ! »

3 Questions à Razafiharisoa Cynthia

Bénéficiaire Vatsin’Ankohonana et mère-leader du groupe Fanantenana dans la Région d’Analanjirofo, Distict Vavatenina, commune rurale Vavatenina, Fokontany Ambolofotsy

Qu’est-ce qui a fait de vous une Mère-Leader ?

Je suis une bénéficiaire du Vatsin’Ankohonana et je désirais depuis longtemps animer un groupe. Le programme Vatsin’Ankohonana m’a donné cette opportunité, alors je me suis portée volontaire pour être élue mère-leader dans notre village.
En tant que mère-leader, on attend de moi que j’inspire et sensibilise les bénéficiaires pour qu’ils adoptent des attitudes positives et soient motivés à progresser dans leur vie. Je remercie les autres bénéficiaires qui m’ont donné confiance et m’ont acceptée comme mère-leader dans le groupe « Fanantenana ». Une mère-leader anime un groupe de 25 à 30 bénéficiaires.
Nous, mères leaders, rencontrons divers problèmes comme le manque de considération de certains bénéficiaires du fait que nous habitons le même village. Mais pour moi, quelques gouttes d’enthousiasme et de volonté avec des compétences en communication sont essentielles pour faire face aux difficultés et les résoudre efficacement.

 

Comment remplissez-vous votre rôle de mère-leader ?

Être mère-leader c’est rester un modèle dans la communauté, mobiliser et motiver le groupe à assister et à participer aux espaces de bien-être. L’Espace de bien-être est une séance d’échange et d’apprentissage sur différentes thématiques de développement (nutrition, hygiène, développement de la petite enfance, éducation financière, inclusion productive…). Nous, mère-leaders, animons les sessions et faisons en sorte de transmettre les savoirs pour permettre aux bénéficiaires d’améliorer leur qualité de vie.
J’effectue aussi des visites à domicile pour ceux qui sont moins actifs pendant les espaces de bien-être. Cela permet de renforcer leur motivation à appliquer les formations reçues. Je mobilise également le groupe dans l’adoption des techniques de production en collaboration avec les PARE (paysans relais).
Je suis très motivée dans l’accomplissement de mon rôle de mère-leader, cela me rend heureuse de savoir que je contribue au développement de mon village.

Quelles connaissances avez-vous acquises depuis les débuts du Vatsin’Ankohonona ?

Les Mères-Leaders reçoivent des formations des Accompagnateurs spécialisés afin de pouvoir partager, inspirer et encourager les autres bénéficiaires à améliorer leur bien-être familial.
En tant que mère-leader, j’ai appris à avoir confiance en moi et à mobiliser la communauté. Depuis, je ne me décourage pas facilement ; j’ai la vaillance d’affronter beaucoup de monde ; je suis confiante ; j’ose exprimer mon opinion et je suis capable de convaincre mon groupe à travailler ensemble pour appliquer les formations qui ont été partagées.

En tant que bénéficiaire, j’ai également acquis de nouvelles techniques de production, plus productives, comme la préparation et l’utilisation du basket-compost pour la culture de manioc et de légumes.
Nous ne bénéficions du Vatsin’Ankohonana que depuis peu de temps, cependant nous avons déjà obtenu de connaissances pratiques qui nous permettent d’améliorer notre foyer ainsi que la vie communautaire.

Les raisons du sous-développement du continent africain

Les experts planchent depuis des années pour analyser les sources du retard de l’Afrique en matière de croissance. Parmi elles on trouve :
La permanence de conflits armés
Un Africain sur cinq vit dans un pays en proie à de graves conflits qui accaparent une partie de la richesse.
La mauvaise gouvernance
Cinq des dix Etats les plus corrompus au monde sont africains, selon le classement établi par l’ONG Transparency International. La mauvaise gouvernance, c’est également les gaspillages de toutes sortes et la mauvaise gestion des rares deniers publics depuis les indépendances.
L’éducation
Plus de 140 millions de jeunes Africains sont illettrés. Les dépenses d’éducation dans les pays pauvres en Afrique représentent moins de 50 dollars par an, contre plus de 11.000 dollars en France ou aux Etats-Unis. En milieu rural, une fille sur quatre seulement a une chance d’aller à l’école primaire.
La santé
Dans la plupart des pays africains, l’espérance de vie n’atteint pas 50 ans. A travers le continent, plus de 24,4 millions de personnes vivent avec le virus du sida. Ce qui se traduit par un appauvrissement des familles concernées, une perte de capital humain et une baisse de productivité, une ponction dans l’épargne.

Source : https://www.lesechos.fr/