FID’actus Mai 2022

N°11. Mai 2022

Zones d’intervention du FID

 

 

 

Ambalavao
Ambatondrazaka
Ambositra
Amboasary-atsimo
Ambovombe-Androy
Amparafaravola
Antsirabe II
Anjozorobe
Ankazobe
Arivonimamo
Fandriana
Farafangana
Fenerive Est
Ikongo
Lalangina
Mahabo
Manandriana
Mandoto
Manjakandriana
Miarinarivo
Morombe
Morondava
Sakaraha
Soavinandriana
Taolagnaro
Vangaindrano
Vavatenina
Vohibato

2 500 000
BENEFICIAIRES directs du projet
80%
Femmes
  • 81%

Pourcentage des bénéficiaires des programmes de filet de sécurité (TMDH, FSP) issus des 30% les plus pauvres de la population

  • 95%

Pourcentage des enfants en âge d’être scolarisés en primaire issus des familles bénéficiaires des TMDH* fréquentent l’école au moins 80% du temps de classes.

Scolarisation // Alphabétisation

102 521 enfants en âge scolaire pris en charge par le programme TMDH

97 547 enfants pris en charge par le programme ont eu un taux d’assiduité supérieur à 80% (coresponsabilité Octobre –Novembre 2021)

1 086 ménages apprenants

Gestion des plaintes

2 082 ménages intégrés / réintégrés

1 592 ménages maintenus

12 433 ménages sortis

3 403 Ha
Surface « traitée » en appliquant les mesures de conservation du sol et de l’eau
2 541 Ha
Surface (re)boisée dans le cadre
des activités de filet de sécurité productif
98
Plans de gestion du paysage élaborés de manière participative

500 172

Ménages bénéficiaires des programmes de filet de sécurité

273 621

Bénéficiaires des transferts monétaires non conditionnel en réponse aux crises

401 695

Ménages bénéficiaires des programmes de filet de sécurité – Femmes

114 413

Bénéficiaires des programmes de filet de sécurité – Argent contre travail, vivres contre-travail et travaux publics

112 138

Ménages bénéficiaires des programmes de filet de sécurité – Transferts monétaires conditionnels

18 441

Ménages bénéficiaires membres des Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC)

Le mot du Directeur Général

Jaona ANDRIANANTENAINA
Directeur Général . FID

La protection sociale est à l’honneur durant ce mois de la protection sociale à Madagascar. Il s’agit d’un droit consacré par notre constitution. La vulnérabilité et la pauvreté tendent à se généraliser dues aux effets du changement climatique, aux pandémies ainsi qu’à la récession économique. Dans tel contexte les défis restent importants. Les questions sur les modalités de sélection des ménages bénéficiaires des filets sociaux sont souvent posées et nous continuons à les faire connaître. La mise en oeuvre ainsi que l’extension des activités se poursuivent et se renforcent. La promotion des résultats et des impacts des différents programmes est à multiplier.

Engagé pour le bien-être durable des communautés, le FID, en tant qu’agence opérationnelle des programmes de protection sociale, intègre et promeut les valeurs et principes de bonne gouvernance. « Intégrité, transparence, redevabilité sociale, responsabilité, équité et efficacité », sont les qualités et convictions qui régissent nos interventions.

Ce onzième numéro de FID’Actus fait échos à ces valeurs et principes que nous promouvons à l’endroit du public et de toutes les parties prenantes : Etat, partenaires techniques et financiers, collectivités territoriales décentralisées, communautés locales, bénéficiaires.

Brèves

Asa Vonjy Voina à Tuléar pour le relèvement des sinistrés après le cyclone Jasmine

A la suite du passage du Cyclone Jasmine ce fin Avril, Asa Vonjy Voina a été lancé dans la ville de Tuléar, dans le Sud de Madagascar, pour aider la population sinistrée à se relever pour un retour rapide à la vie normale. Près de 300 sinistrés des fokontany Motombe Tanambao et Mahavatse II Est ont bénéficié des activités ACT-HIMO qui permettront d’assainir une surface de plus de 1500m² et de réhabiliter près de 1km de pistes dans les zones sinistrées.

Célébration du mois de la protection sociale

« Agissons ensemble pour une protection sociale plus inclusive » telle a été la thématique développée en ce mois de mai, mois de célébration de la protection sociale. Plusieurs ateliers d’échanges et sensibilisation impliquant les différents acteurs et parties prenantes, dont le FID, ont été organisés pour susciter les discussions autour d’une approche plus inclusive des interventions en protection sociale : loi en vigueur, design des programmes, ciblages, redevabilité, financement et gestion des programmes. Le FID a exposé les programmes qu’il met en oeuvre durant le salon de la protection sociale qui s’est déroulé les 19 et 20 mai derniers au parvis de la gare Soarano.

Extension des programmes de protection sociale Asa Avotra Mirindra et Vatsin’Ankohonana : le coup d’envoi lancé

Au regard des impacts palpables des programmes de protection sociale pour l’amélioration du bien-être des plus vulnérables, le gouvernement Malagasy a bénéficié en 2021 d’un financement additionnel pour étendre ces programmes. Le coup d’envoi a été lancé ces mois d’avril et mai dans les différentes régions des nouvelles zones d’intervention.

« J’ai pu améliorer mes conditions de vie »

RAKOTOZAFY Georges
Bénéficiaire Asa Avotra Mirindra – Imerintsiatosika

Agé de 64 ans, RAKOTOZAFY Georges, surnommé Dadanaivo, est un bénéficiaire de Asa Avotra Mirindra à Fonenana Imerintsiatosika. Ses problèmes de santé l’ont conduit à une situation financière précaire. Il a eu du mal à trouver un emploi et son traitement coûtait cher. Convaincu des avantages que lui offrirait le programme, Dadanaivo s’y est inscrit sans hésiter. Depuis, sa vie s’est améliorée.
Dadanaivo se démarque de ses collègues du groupe de travail. En effet, il a adopté les différentes techniques qui ont été enseignées durant le programme dans ses propres champs. Il a, entre autres, planté de l’acacia, qui est un bois énergie, de l’olive ainsi que de l’eucalyptus.

A part cela, Dadanaivo cultive de la papaye, du café, de l’arachide mais aussi des maniocs selon la technique du « basket compost », obtenant ainsi un bon rendement. Le complément de revenus qu’il a obtenu à travers Asa Avotra Mirindra lui a permis d’acheter les semences et les pépinières. Actuellement, bien que Dadanaivo continue son traitement, il arrive à le payer. « Ma santé s’est nettement améliorée et je peux acheter mes médicaments qui peuvent aller jusqu’à 30 000 Ariary ». Il continue dans sa lancée en ajoutant « je vieillis mais je dois travailler la terre pour pouvoir me nourrir ».

Filets sociaux : Comment et sous quels critères sont sélectionnés les ménages bénéficiaires ?

Elaboré à partir d’un long processus, le ciblage des zones ainsi que des ménages bénéficiaires des filets sociaux est inclusif. Les méthodes et les critères de ciblage sont déterminés suivant des procédures convenues et précises. En accord avec la stratégie choisie et les moyens disponibles, la notation de chaque ménage permet la priorisation pour soutenir nos concitoyens les plus vulnérables.

Pourquoi cibler ? Plus de 77,4% de la population malagasy sont dans la pauvreté et méritent, sans discrimination, une protection sociale adaptée. Malgré la bonne volonté politique et le soutien des partenaires techniques et financiers, les moyens restent limités. Le ciblage est donc crucial pour que les moyens à disposition soient utilisés de manière efficiente. Il est également obligatoire afin de pouvoir identifier, aider et accompagner les ménages les plus nécessiteux. Les enquêtes sociales et l’implication des communautés durant le processus garantissent la fiabilité du ciblage et limitent les erreurs.

Des critères pensés et convenus. Les régions bénéficiaires doivent répondre aux critères définis selon le type de programme de protection sociale. Elles sont ensuite classées suivant leur niveau de vulnérabilité. Parmi ces critères, l’on retrouve : le taux de pauvreté multi-dimensionnel de la communauté, la qualité de la nutrition, la fréquentation scolaire, la fréquentation des centres de santé, le bassin d’emploi, les chocs subis par la région (climatique, environnemental, sanitaire …).
Quant aux ménages bénéficiaires, les critères d’éligibilité correspondent à la composition du ménage, au nombre des enfants à charge, aux activités et revenus du ménage, à la présence de personnes âgées ou en situation d’handicap au sein du ménage, à l’état du logement, à la disponibilité d’eau courante et des installations pour l’hygiène… En moyenne une vingtaine de questions sont posées à chaque ménage pour établir son classement de vulnérabilité et assurer ainsi son éligibilité au filet social défini.

Un processus inclusif. Les processus de ciblage mis en œuvre par le FID sont ceux validés par le Ministère de la population, de la protection sociale et de la promotion de la femme (MPPSPF). Ces processus eux-mêmes sont issus des travaux en commun de plusieurs parties prenantes: Institutions gouvernementales, Partenaires techniques et financiers, Agences de mise en œuvre, les autres acteurs de la protection sociale dans le Cash Working Group … Les diverses recommandations et améliorations proposées par les organisations de la société civile (OSC) sont prises en compte d’une manière inclusive pour progresser constamment vers plus d’équité et de justice.

Les programmes de protection sociale : toujours plus vers l’inclusivité

La protection sociale veut renforcer la résilience des communautés les plus vulnérables pour prévenir, gérer et surmonter des situations de crises et leur permettre d’avancer vers un développement humain durable. S’alignant avec sa Stratégie Nationale de Protection Sociale, depuis 2016, le Gouvernement Malagasy a initié un projet Filets Sociaux de Sécurité pour venir en aide à ses populations les plus vulnérables. Des programmes de Transferts Monétaires Conditionnels aux Filets Sociaux Productifs, des actions de développement soutenant le bien-être de la famille et l’inclusion économique assurent la pérennité des progrès réalisés pour un réel développement humain durable.

D’ici 2024, près de 1 388 000 ménages devraient bénéficier de ces programmes de protection sociale. Le chiffre est porteur d’espoir et les efforts doivent continuer pour des interventions promouvant l’inclusivité. A l’occasion de la célébration du mois de la protection sociale durant ce mois de mai, le message est lancé « Agissons ensemble pour une protection sociale plus inclusive ».

Arimamy, la résilience en marche

ARIMAMY
Bénéficiaire Vatsin’Ankohonana – Soavina

« Nous vivions de salariat agricole dix mois dans l’année et souvent nous ne mangions plus de riz mais du manioc. Nous avions même failli ne plus envoyer nos ainés à l’école.» témoigne Arimamy 42 ans, mère de trois enfants, habitant à Soavina.
En 2014, la famille d’Arimamy a bénéficié de Vatsin’Ankohonana. Grâce à ce programme, elle a pu continuer à envoyer ses enfants à l’école. A travers les rencontres régulières ou « espaces de bien-être », elle a acquis de nouvelles connaissances et a renforcé ses compétences. Les activités de développement dans le cadre de Vatsin’Ankohonana lui ont permis de mettre de l’argent de côté et de créer avec ses voisins une Association Villageoise d’Epargne et de Crédit (AVEC) pour améliorer leurs revenus.

Aujourd’hui malgré la fin du programme, la famille persévère et se maintient dans ses progrès. Avec fierté, Arimamy raconte que son fils ainé, qui a aussi bénéficié du programme ’Ndao hianatra, est actuellement en deuxième année de médecine. Sa fille vient d’obtenir son baccalauréat et son benjamin, en classe de quatrième au collège, réussit bien à l’école.

3 Questions à Mahatoro Longin

Maire de la commune rurale d’Ankilimalinike, District de Toliara II, Région Atsimo Andrefana

Que pouvez-vous dire sur la situation actuelle des ménages vulnérables dans votre circonscription deux années après le démarrage du programme Vatsin’Ankohonana dans la commune d’Ankilimalinike ?

Je peux de suite avancer que c’est du positif. Les habitants d’Ankilimalinike sont des agriculteurs pour la plupart. Ils cultivent du manioc, des tomates, du maïs, des patates douces et un peu de brèdes. Ankilimalinike fait également partie des producteurs de charbon dans la région Atsimo Andrefana. Les consommateurs de Toliara constituent leur principale clientèle. Leurs activités ont été ralenties par le manque de pluies et la pandémie les a aussi affectés. Ils ont cultivé juste pour leur autoconsommation et pour le marché local entre fokontany. Il faut également savoir que la commune d’Ankilimalinike a attendu le démarrage des activités d’exploitation d’ilménite de Ranobe, un fokontany situé à l’est de la commune d’Ankilimalinike. Comme rien ne démarre, l’espoir des habitants s’est fondu au fil du temps. Ils se sont donc retrouvés en difficulté financière et économique. Depuis le programme Vatsin’Ankohonana dont près de 900 ménages en bénéficient, je peux dire qu’il y a du changement.

Qu’avez-vous trouvé de positif dans ce changement de situation ?

Je me réfère au nombre progressif d’enfants qui fréquentent l’école. En deux années, près de mille enfants ont retrouvé et connaissent les bancs de l’école selon les chiffres avancés par le chef ZAP de la commune d’Ankilimalinike. Si les ménages peuvent envoyer leurs enfants à l’école c’est que leur capacité financière leur permet. Ces « vatsy », comme on les appelle par ici, soulagent beaucoup leurs maux. Les ménages ont appris à gérer leurs compléments de revenu pour pouvoir réaliser des activités génératrices de revenus. Les enfants ne vont pas à l’école le ventre vide. De plus, ils sont même propres et chaussés de sandales. Leurs parents s’occupent bien d’eux. C’est du changement pour moi. J’ai aussi constaté que les familles bénéficiaires de Vatsin’Ankohonana apprennent la diversification alimentaire pour bien se nourrir. Elles adoptent également les gestes d’hygiène pour préserver leur santé. Ce sont les grands points positifs que je peux souligner..

Quelle stratégie déployez-vous pour que ces ménages continuent sur la bonne voie et améliorent leur autonomie dans un futur proche ?

Je m’implique personnellement. Par exemple, lors de l’atelier de regroupement des parties prenantes de Vatsin’Ankohonana, je me suis engagé dans les préparatifs et dans les animations. Je trouve qu’il est important de susciter le dynamisme des bénéficiaires de temps à autres. Il faut les accompagner même si ce n’est pas d’une façon étroite et fréquente. Grâce aux « espaces physiques » mis en place par le programme par fokontany, les ménages réalisent des séances de formation en changement de comportement durant les « espaces de bien-être ». Ce sont des séances obligatoires et les membres du Comité de Protection Sociale, ou CPS, ainsi que les relais communautaires avec les Mères Leaders s’assurent de l’assiduité des bénéficiaires. A ce stade, je peux assurer que 80% des ménages bénéficiaires sont sur la bonne voie vers une amélioration des conditions de vie.

Le futur de la protection sociale en Afrique

En Afrique, les filets sociaux jouent un rôle de plus en plus crucial pour assurer la résilience économique des ménages pauvres et vulnérables en cas de chocs. Un nombre croissant de gouvernements africains mettent en place des filets sociaux qui fournissent des transferts en espèces couplés à des mesures d’inclusion productive telles que des formations en microentrepreneuriat, l’apport d’un capital forfaitaire et la facilitation de l’épargne. Les preuves de l’efficacité de ces programmes s’accumulent rapidement, démontrant l’amélioration de la capacité des ménages à résister aux chocs en protégeant leur consommation, en diversifiant leurs moyens de subsistance par un travail non agricole et en renforçant leurs mécanismes d’adaptation.

Au-delà des filets sociaux, les programmes d’assurance sociale et du marché du travail contribuent également à la résilience économique en protégeant les travailleurs informels. Dans le cadre de la diversification des objectifs politiques, les gouvernements ont commencé à élargir leur champ d’action pour aller au-delà des pauvres des zones rurales en développant des interventions pour les travailleurs informels urbains. Il s’agit notamment de programmes innovants d’assurance sociale et d’épargne qui permettent entre autres des cotisations flexibles et des incitations fiscales correspondant aux cotisations. De nombreux pays ont introduit des programmes relatifs au marché du travail, notamment des subventions salariales temporaires versées aux employeurs, pour leur permettre d’améliorer la résilience de leurs entreprises et d’être mieux à même de faire face au ralentissement économique déclenché par la crise.