Grand Sud: l’approche multidimensionnelle pour lutter contre les effets de la sècheresse

Grand Sud: l’approche multidimensionnelle pour lutter contre les effets de la sècheresse

septembre 28, 2021 Non Par Liva Andriantompoinarivo

Avec une situation hydrique préoccupante, la sècheresse sévit souvent dans le Grand Sud de Madagascar à l’origine de crises alimentaires et nutritionnelles intenses. Selon l’IPC ou Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire, environ 1,31 million de personnes seront victimes d’insécurité alimentaire aigue élevée entre octobre et décembre 2021. Les années consécutives de forte sècheresse ont anéanti les récoltes. La plupart des ménages ont épuisé leurs réserves alimentaires les obligeant à vendre leurs animaux et à brader leurs biens pour acheter de quoi se nourrir. Une situation de précarité décuplée par d’autres facteurs dont l’insécurité, l’enclavement, le manque de moyens, …
Donner aux familles les moyens de faire face aux crises
Fiavota, le programme intégré de transfert monétaire et de nutrition, est mis en œuvre dans les Régions Androy et Anosy depuis 2016 pour soutenir les familles fortement affectées par la sècheresse. 70 000 ménages de 39 communes bénéficient de ce programme. Une allocation monétaire mensuelle leur est versée tous les deux mois pour limiter, à court terme, les impacts sur leur santé et leurs moyens économiques (alimentation, reconstitution des actifs, etc.). L’ambition va bien au-delà de l’urgence. Il s’agit pour Fiavota de remédier aux conditions de vie difficiles, au manque de moyens et d’opportunités économiques ainsi qu’à un faible niveau de capital humain lié à l’insécurité alimentaire et à la déscolarisation des enfants.

Améliorer durablement le bien-être

L’épanouissement humain est au coeur même des principales préoccupations. Fiavota, en tant que programme de transfert monétaire pour le développement humain, encourage la fréquentation scolaire, favorise les comportements qui renforcent la nutrition, le développement de la petite enfance, l’hygiène, la santé… A travers les espaces de bienêtre (EBE), qui sont des ateliers d’apprentissages et d’échanges, les mères-leaders accompagnent et motivent les familles bénéficiaires à développer et à adopter les bonnes habitudes de vie. L’évaluation à mi-parcours de Fiavota en 2018 a montré que les ménages bénéficiaires fréquentent plus les centres de santé (22% supérieur). Par ailleurs, le programme a aussi permis de renforcer la place de la femme au sein du ménage, leur participation aux décisions qui y sont prises s’est accrue (58% en 2018 contre 38% en 2016).

Relancer les activités économiques

Les transferts monétaires favorisent la consommation et l’investissement dans des activités productives. Avec les encadrements techniques qui leur sont fournis, les ménages bénéficiaires sont encouragés à pratiquer une agriculture plus résiliente. En outre, les coups de pouce financiers (fonds de redressement) ainsi que la redynamisation des groupes d’épargne et de crédit villageois offrent aux familles l’opportunité d’investir dans des activités économiques qui permettent d’augmenter leurs revenus. Toujours parmi les résultats issus de l’évaluation, Fiavota a favorisé la création des unités de production familiale (petit élevage, jardin potager,…) chez les ménages bénéficiaires, près de 38% des ménages possédaient en 2018, plus d’une unité de production.

S’adapter aux chocs

Le Grand Sud est vulnérable aux aléas climatiques. Malgré la pertinence des interventions, les acquis restent fragiles. Toseke Vonje Aigne constitue le programme de réponse aux situations d’urgence en appui à Fiavota. Le système permet, soit d’augmenter la valeur des allocations monétaires aux bénéficiaires actuels, soit d’étendre les interventions à d’autres zones avec de nouveaux bénéficiaires. Actuellement, Toseke Vonje Aigne soutient 100 000 familles victimes de la sècheresse dans l’Androy, l’Anosy et l’Atsimo Andrefana.
Rappelons que Fiavota et Toseke Vonje Aigne sont des programmes de protection sociale du Gouvernement malagasy, coordonnés par le Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme avec l’appui financier de la Banque Mondiale. Le FID assure la mise en oeuvre des interventions. Ils visent le renforcement de la capacité de résilience des familles ainsi que l’amélioration de façon durable de leurs conditions de vie.